Le comportement alimentaire chez le chat

Le chat a été domestiqué il y a environ 9 500 ans par sélection artificielle peu intense. Ceci explique qu’aujourd’hui, les chats se reproduisent librement et se nourrissent, pour la plupart, de proies chassées dans la nature telles que des rongeurs, des oiseaux ou des reptiles.

Cependant, de plus en plus de chats n’ont plus accès à l’extérieur et se nourrissent principalement d’une petfood industrialisée. Il est donc légitime de s’intéresser au comportement alimentaire du chat suite aux changements d’environnement et de budget d’activités avec la domestication pour assurer au maximum son bien-être.

Le comportement alimentaire De la naissance au passage à l’âge adulte

Le chaton se nourrit uniquement avec du lait maternel de la naissance à la troisième semaine . Ceci peut les occuper environ 1/3 de leur temps. Suite à cette période, s’en suit une semaine de transition alimentaire avec un mélange d’apports de lait maternel et de plus en plus d’apports d’aliments solides, souvent apportés par la mère. Après la quatrième semaine, le chaton est sevré et s’alimente avec de l’aliment mixte (solide et liquide jusqu’au deuxième mois de vie).

Le chaton apprend à partir de la quatrième semaine à chasser avec sa mère, il chasse donc les mêmes proies qu’elle et adopte un comportement de chasseur. De l’eau doit pouvoir être disponible à volonté durant cette période.

Le chat, un prédateur chasseur carnivore

L’espèce féline a conservé les caractéristiques de ses ancêtres avec l’expression complète du comportement de prédation, jusqu’à la mise à mort et à la consommation de la proie. La dentition du chat, avec des canines longues et pointues permet une blessure mortelle au niveau des vertèbres cervicales. De plus, son appareil digestif est celui d’un carnivore strict. Ce qui veut donc dire qu’une partie de son alimentation doit provenir d’une origine animale, qui est riche en protéine. Le chat est capable de s’alimenter sans l’apport de nourriture humaine.

Le chat a une technique de chasse bien particulière. Lors de la chasse “à l’affût”, le chat reste caché en observant son environnement ou à la sortie d’un terrier dans l’attente d’un petit rongeur ou d’un lapin. Des signaux acoustiques et visuels déclenchent l’attaque, la capture et la mise à mort. La chasse “à l’approche”, faite de phases d’approche et d’immobilisation, est surtout adaptée à la chasse des oiseaux. L’attaque par bonds est utilisée pour les proies terrestres. La plupart de ces comportements apparaissent de façon spontanée au cours du développement du chaton. La mère peut l’aider en lui présentant des proies adaptées.

Le chat arrivera à capturer sa première proie entre 3 et 12 essais en moyenne. Le chat chasse tout aussi bien le jour que la nuit, avec un pic d’activité à l’aube et au crépuscule. Il doit cependant pouvoir avoir accès à de l’eau à n’importe quel moment de la journée.

Quelle proie ?

Un chat chasse généralement des mammifères (78 %) mais aussi des oiseaux (17 %) et des reptiles (5 %). Il doit chasser environ 10 souris pour pouvoir assurer son apport quotidien énergétique sans autre complément. Certains chats qui n’arrivent pas à exprimer leur comportement de prédation peuvent réorienter ce genre de comportement avec leur propriétaire. La sélection de la nourriture se fait en fonction de l’odeur, du goût, de la température et de la consistance du produit.

L’ingestion de la proie ne succède pas obligatoirement à son sacrifice. En effet, un chat peut chasser même repu, alors que seule la faim motivera l’ingestion des proies. Prédation et ingestion sont deux comportements distincts dont les motivations sont différentes. En général, après avoir mis à mort leur proie, si celle-ci est suivie d’ingestion, le chat se toilette puis emporte sa proie dans un endroit calme pour la manger, à l’abri des regards et de toute compétition.

Un choix alimentaire, donné et contrôlé par les humains

Le chat va chercher à chasser des proies. De telle sorte à avoir un apport quotidien en énergie avec 52 % de protéines, 36 % de matière grasse et 12 % de glucides. Les industriels qui réalisent aujourd’hui les croquettes et l’alimentation humide de nos animaux de compagnie font en sorte d’apporter cette énergie quotidienne dans les mêmes proportions. Les chats cherchent à ingérer un apport de 6g/kg de protéine par jour. Le choix de l’alimentation chez le chat se réalise principalement par l’olfaction.

Le chat peut tout aussi bien accepter ou refuser un changement d’aliment régulier, ceci est choix propre à chacun. Il a tendance à préférer un aliment en plus petite quantité et difficile d’accès. Le chaton préfère consommer le même aliment que la mère lors du sevrage. Le chat possède un comportement de prédation qu’il est difficile de changer. Il faut donc prendre les bonnes dispositions. Telles que l’apport d’une alimentation riche en viande et un environnement avec des jouets.

Le chat a un besoin de multiplier le nombre de prises alimentaires, entre 10-20. Ceci peut donc conduire à une obésité chez certains chats. Cependant, dans la majorité des cas, le chat sait contrôler son accès à l’alimentation. Un apport d’aliment à volonté n’est donc pas forcément propice à l’obésité si le chat est habitué dès le plus jeune âge. Cependant, le passage d’une alimentation contrôlée par l’humain à une alimentation à volonté pour le chat est source d’obésité. Le plus grand facteur d’obésité reste les friandises, l’ajout de viande et de poisson frais dans l’alimentation ainsi qu’un manque d’activité du chat.

maximiser la prédation

Pour maximiser la prédation lors de la prise de repas, il faut augmenter le temps d’attention lors de l’alimentation chez le chat et éviter une prise alimentaire trop rapide et en trop grande quantité. Il existe des tables d’alimentation où l’on dépose des croquettes. Ceci permet au chat d’avoir un comportement de prédation pendant le repas. Lors de la stérilisation, le besoin énergétique du chat diminue. Il faut donc changer l’alimentation pour éviter qu’il ne devienne obèse. Le chat est insensible au goût sucré, mais est très sensible au goût amer, ceci module sa prise alimentaire.

L’espèce féline est singulière de par sa domestication et l’incroyable conservation des comportements alimentaires issus de l’espèce ancestrale. En modifiant son mode d’alimentation, passant de la capture de proies à la distribution d’aliments industriels, les humains ont perturbé l’ensemble de son comportement alimentaire. Conduisant certains individus vers l’obésité et/ou à de la frustration en cas de restriction alimentaire sans gestion de la satiété.

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M.DIGUER – École Nationale Vétérinaire d’Alfort (EnvA